la tenniswoman Loïs Boisson ciblée par une déferlante de messages haineux pendant un match

Ce mercredi 16 juillet, après sa qualification pour les quarts de finale du tournoi de Hambourg, la tenniswoman dijonnaise Loïs Boisson a fait l’objet de nombreux commentaires haineux sur les réseaux sociaux. Certains internautes lui ont reproché ses difficultés à battre une joueuse moins bien classée qu’elle.

C’est un triste revers de la médaille. Révélation de Roland-Garros, où elle avait atteint la demi-finale en juin dernier, la tenniswoman Dijonnaise Loïs Boisson est désormais sous le feu des projecteurs, avec tout ce que cela peut engendrer. Les éloges, la popularité et les encouragements de supporters, mais aussi les critiques, les moqueries et les commentaires parfois virulents.

Ce mercredi 16 juillet, la tenniswoman a subi la vindicte de certains internautes, alors qu’elle venait de se qualifier pour les quarts de finale du tournoi WTA 250 de Hambourg. “Remark a-t-elle pu aller aussi loin à Roland-Garros ? Elle joue comme une quiche.” “Elle est tellement éclatée.” “Loïs Boisson est une put*in de perdante”, écrivent plusieurs personnes sur le réseau social X.

Si Loïs Boisson l’a emporté face à l’Allemande Tamara Korpatchs en trois units, elle a vécu une rencontre compliquée. Trois heures de match, des trous d’air, la 63^ème au classement mondial a alterné le bon et le moins bon. Une première manche maîtrisée, une deuxième bien partie ; Loïs Boisson ayant même eu une balle de match à 5-4 ; avant de s’effondrer et de voir son adversaire revenir dans la partie et égaliser à un set partout. Loïs Boisson l’emporte finalement dans la troisième manche (6-4).

C’est au cours de ce match tendu que les réseaux sociaux se sont lâchés, les internautes reprochant à Loïs Boisson ses difficultés à battre la 163^ème joueuse mondiale. Les commentaires ont surtout été postés au second où la Dijonnaise était en difficulté durant la partie.

C’est une disaster cette joueuse

Commentaire sur les réseaux sociaux

“Loïs Boisson, si elle courait un peu, ce serait mieux.” “Quelle sal*pe”, peut-on même lire. Ces messages ont notamment été publiés pendant le deuxième set difficile de la joueuse de 22 ans.

À la suite de ces commentaires, de nombreux internautes ont tenu à défendre la Dijonnaise. “C’est quoi tous ces commentaires haineux autour de Loïs Boisson ? C’est n’importe quoi !” “Les commentaires sont juste nuls et honteux. Laissons-la grandir et voir jusqu’où elle peut aller.” “Les gens oublient trop vite la demi-finale à Roland Garros, les émotions, les performances, le niveau de dingue…”

Loïs Boisson, elle, n’a pas réagi, se contentant de publier une photograph d’elle sur les réseaux sociaux avec le commentaire : “Prochaine étape – quart de finale”. De son côté, la Fédération française de tennis n’a pas répondu, pour l’heure, à nos sollicitations. Mais lorsqu’un joueur ou une joueuse est ciblé par les réseaux sociaux, la FFT conseille de signaler les faits et de les faire remonter à son service “intégrité”.

Le cas de Loïs Boisson n’est hélas pas isolé. En mars dernier, le tennisman Arthur Bouquier, originaire de Franche-Comté, avait reçu des menaces de morts sur son compte Instagram. “J’ai misé 2 000 euros sur toi. Si tu perds, je te traquerai toi ou ta famille. Je suis actuellement sur le court docket de Thionville où tu joues“, lui avait envoyé une personne en message privé. Le joueur de 24 ans avait dû même prendre un garde du corps pour assurer sa sécurité les jours qui ont suivi ce message.

Dans cet article de France 3 Grand-Est, Jean-François Diana, enseignant-chercheur à l’Université de Lorraine et au Centre de recherches sur les médiations (CREM), avait évoqué le cyberharcèlement subi par les sportifs et les liens avec les paris en ligne.

“Le sport, c’est juste un prétexte. Le tennis est particulièrement touché, automotive c’est un sport individuel. C’est beaucoup plus facile pour des parieurs mal intentionnés ou des réseaux criminels de déstabiliser ou d’influencer un joueur de tennis plutôt qu’une équipe de foot. Les joueuses et joueurs de tennis sont seuls, jeunes et “à portée de baffes”.”

Les parieurs brutaux profitent de l’anonymat, des fake comptes ou d’avatars. C’est le symptôme d’une société brutale et aliénée.

Jean-François Diana, enseignant-chercheur à l’Université de Lorraine et au Centre de recherches sur les médiations

France 3 Grand-Est

Toujours en mars dernier, c’est la biathlète franc-comtoise Lou Jeanmonnot qui avait reçu des messages de haine de la half de parieurs en ligne après une mauvaise efficiency  sur la poursuite de Nové Město (Tchéquie). “Tu fais remark pour être aussi nulle grosse tep* va ! 1000 balles sur toi tu arrives à faire deux fautes comme ça ? Va te faire enc*ler sal*pe”

L’athlète avait préféré réagir avec humour sur les réseaux sociaux, écrivant “joyeuse journée de la femme”, les faits s’étant produits le 8 mars. Elle avait également écrit “déso, pas déso” à un internaute l’ayant insulté.

Selon une étude du Comité nationwide olympique et sportif français (Cnosf), 85 % des athlètes affirment être confrontés à des actes de cyberviolence.